La Ferme Daudrieu
Fondée en 1837
Appelée Ferme Saint-Charles
merci à Marie-Thérèse pour l'article

Cette propriété est située sur la route d'Arcole. A environ 3 kilomètres d'Oran. D'une superficie de trois cents hectares au début, elle est aujourd'hui divisée en deux parties, dont l'une appartient à M. Charles DAUDRIEU, et l'autre à M.Alfred DAUDRIEU, héritiers du créateur de cette ferme.

M. Charles DAUDRIEU fut le premier colon du département d'Oran. Sa vie, faite d'énergie, de travail, servit de modèle à nombre de ceux qui, dans les débuts, vinrent s'installer dans ses environs. Il était le plus bel exemple d'une volonté opiniâtre mise au service des connaissances agricoles. On ne peut mieux rendre hommages à son passé laborieux qu'en reproduisant le passage d'un compte rendu officiel de l'Exposition de 1864, où M. Charles DAUDRIEU obtint la prime d'honneur toutes catégories pour les concours de ferme :

"Sorti de l'armée en 1837, avec de très faibles ressources, M. DAUDRIEU, mû par une énergie peu commune, n'a pas craint de commencer cette création sous le feu de l'ennemi, au milieu des palmiers et sur un sol ingrat, on peut même dire tenant la charrue d'une main et le fusil de l'autres. En 1844, les Arabes venaient encore exercer leurs déprédations jusqu'aux portes d'Oran. Par ces difficultés, on peut juger de la grandeur de son œuvre. Le réduit entouré de murs qui lui permettaient de se défendre contre les agressions arabes et devenu la belle ferme que nous voyons aujourd'hui. Les circonstances difficiles au milieu desquelles s'est élevée cette ferme, les succès et les déboires de son propriétaire sont aujourd'hui légendaires parmi les colons. En présence d'une persévérance aussi courageuse, le Gouvernement n'a pas hésité à lui accorder la plus grande distinction à laquelle puisse prétendre un colon ! M. Charles DAUDRIEU est chevalier de la Légion d'Honneur depuis le 18 décembre 1848. C'est une récompence bien méritée à laquelle ont applaudi tous ses confrères (Exposition Générale des Produits de l'Agriculture, de l'Industrie et du Commerce de 1864)."

Ce court exposé, qui relate d'une façon brève, mais combien belle, l'effort fourni par ce vaillant pionnier de la colonisation française en Oranie est à retenir. Si ce département, qui est aujourd'hui peut-être la première des régions algériennes, a un tel épanouissement, c'est grâce au labeur, au dévouement et à la volonté inflexible d'hommes jeunes et vigoureux qui produisirent des efforts surhumains pour transformer des terres incultes et peu fines en de belles fermes qui sont aujourd'hui de magnifiques domaines ; cela a valu à M. Charles DAUDRIEU une longue et abondante suite de récompenses enviables.

Ces distinction qui concernent à la fois l'agriculture et l'élevage, se succèdent sans interruption durant une période de quinze années, de 1850 à 1864. Elles montrent un esprit de suite remarquable et une rare continuité dans l'effort ; peu de domaines algériens pourraient en montrer de semblables.

Dans son labeur, M. Charles DAUDRIEU fut aidé par Mme DAUDRIEU, sa fille, ses fils Eugène et Alfred, qui ne lui ménagèrent pas l'appui de leur activité courageuse.

A la direction de la ferme, ce fut tout d'abord le fils aîné qui lui succéda ; plus tard, on procéda au partage.

M. Charles DAUDRIEU n'eut pas longtemps la douce joie de voir prospérer ses enfants ; il s'éteignit doucement à l'age de 68 ans, épuisé probablement par l'effort qu'il avait fourni. Ses fils continuèrent, chacun dans leur ferme, l'œuvre paternelle. Leurs produits obtinrent de nombreuses récompenses, notamment pour leur élevage de chevaux, moutons et porcs. La mort vint également les frapper encore jeunes.

En mourant, l'aîné, Eugène DAUDRIEU, laissait un fils Charles, âgé de 14 ans. Ce dernier, très robuste, très courageux à la besogne, se mit âprement au travail et, aidé des conseils de sa mère qui prend la direction de son exploitation.

Une orientation nouvelle dans la culture était alors adoptée dans la région. Il suivit alors le courant et planta lui aussi de la vigne. Grâce à ses brillantes qualités d'énergie et de volonté opiniâtre, il put, malgré les méventes qui rendirent si pénible la vie des colons, constituer un beau vignoble, qui est actuellement après une crise phylloxérique, en pleine reconstitution. Quatre-vingt-quinze hectares en plein rapport constituent le couronnement de longues années d'efforts et de patient labeur.

Le second des fils DAUDRIEU mourut aussi, laissant à la tête de son exploitation sa veuve et un fils tout jeune. Mme Veuve DAUDRIEU s'acquitta au mieux de la lourde et délicate mission qui lui échéait, améliora sans cesse la propriété, puis céda celle-ci à son fils Alfred DAUDIEU qui y créa un vignoble important. M. Alfred DAUDIEU, très estimé des populations européenne et indigène de la région, est maire d'Arcole depuis 15 ans.

On pourra se rendre compte par les clichés que nous publions ci-contre, du bel aspect du grand vignoble actuel pour l'entretien duquel aucun sacrifice n'est ménagé, ce qui permet d'obtenir des rendements rémunérateurs et des produits de tout premier choix. Une cave, munie des tous les perfectionnements modernes, assure la vinification parfaite de toute la récolte qui trouve aisément à être logée dans une cuverie et des amphores du dernier modèle. Nous regrettons que l'espace restreint dont bous disposons ne nous permette pas de donner de cette installation une description détaillée. Notons seulement que les vins qui en sortent sont très activement recherchés par le commerce de gros ainsi que par les détaillants.

 

 

 

 

 

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