Histoire d'Oran (jusqu'en 1962) ...
Merci à
Monsieur PASTOR Manuel (ancien professeur d'histoire)
pour le transmission
de ce texte.
*Certains
renseignements ont été "piqués" sur le livre de notre amie
Maire GIL
De
l'autre côté de la mer ... Oran et l'Oranie
Livre
que je vous recommande
L'agglomération d'Oran remonte aux premiers âges de l'humanité.
Les recherches ont établi l'existence
d'un Oran préhistorique très important et l'on peut visiter encore les
nombreuses grottes du Murdjadjo où les premiers "oranais" avaient laissé des traces
de leur passage et des vestiges de leurs industries : coup de poing
chelléen, haches, couteaux ou scies en silex, en quartzite ou en grès siliceux,
toutes ces pièces.
Ainsi, la belle grotte aux trois ouvertures qui se trouve à
l'origine du ravin de Noiseux abritait certainement un riche
négociant, sans doute en vins, car n'oublions pas que le Murdjadjo était couvert
de vignes sauvages fournissant un vin rude.
Ce sont le Phéniciens qui, dès le
début du IIème millénaire avant notre ère, puis les Romains qui
assurèrent la prospérité de Portus Divini qui englobait les sites d'Oran et de
Mers-El-Kébir jusqu'au Vème siècle. La pratique de l'irrigation permit le développement des
plantations d'oliviers et de vignes, et l'accroissement des cultures céréalières
et de l'élevage. L'Oranie devint ainsi une des plus riches contrées de
l'Occident.
Après le Vème siècles, l'organisation romaine commence à se
désagréger et après les invasions des Vandales, ces envahisseurs germaniques
venus de l'Espagne, débarqués en 455 et surtout la conquête par les arabes en
645, la cité s'éteint et disparaît.
La véritable création de la ville d'Oran se
situe aux
environs de 903, lorsque des marchands arabes de la côte d'Andalousie
construisent quelques habitations et un entrepôt pour leur commerce avec Tlemcen
et les populations nomades du Sahara. Cet établissement prospère rapidement.
La ville s'appelle alors Wharan. La ville doit son nom au calife Bou Charam
Ouaraham qui gouvernait la ville au Xème siècle. Le nom d'Oran apparaîtra pour
la première fois dans un portulan génois de 1384.
En 910, Oran est occupé par les Fatimides, une dynastie chi'ite
qui avait Kairouan pour capitale.
En 1083, c'est au tour des Almovarides. Cette dynastie berbère
occupe le sud de l'Espagne et la plus grande partie de l'Afrique du Nord. Ils
furent vainqueurs notamment des armées chrétiennes conduites par El Cid
Campéador (1043-1099), avant de succomber sous ses assauts. Rappelons que son
surnom du Cid vient de l'arabe sidi (mon seigneur).
En 1137, les Almohades conduits par Abd El Moumin, ce génie
militaire né dans le pays de Nédroma, occupèrent toute l'Afrique du Nord, les
royaumes de Cordoue et de Grenade. Ils furent défaits par les chrétiens à Las
Navas de Tolosa le 17 juillet 1212.
En 1242, la dynastie berbère des Mérinides occupe le royaume de
Grenade, tout le Maroc et une partie de l'Algérie, guère plus loin qu'Oran
cependant. Ils étaient surtout de grands bâtisseurs. Mais malgré toutes ces
occupations successives, Oran devient peu à peu une ville puissante.
Le commerce avec Marseille, Gènes et surtout
Venise avec qui Oran a signé un traité de Commerce en 1250 font des Oranais des
gens riches. Ils exportent de la laine, des peaux, des burnous fins, des tapis,
des haïks, du cumin, des noix de Galle (ou galle d'Alep, c'est la tumeur
résultant de la réaction des végétaux piqués par un insecte) et parfois aussi
des esclaves noirs.
Vers la fin du XIVème siècle, Oran a alors atteint un tel degré de
prospérité qu'un contemporain enthousiaste, Ibn Khaldoun, le célèbre historien
arabe pouvait s'écrier : " Oran est supérieure à toutes les autres villes
par son commerce. C'est le paradis du malheureux. Celui qui vient pauvre dans
ses murs en sort riche. ". Mais la richesse de la ville excite la convoitise de
nombreux princes berbères qui se disputent sa possession.
Oran est alors sous la coupe des Beni Zian, les gouverneurs de
Tlemcen. Le luxe et la richesse portent les Oranais aux excès les plus
condamnables. Ville de corruption et de relâchement dans les moeurs, Oran
devient le berceau de la piraterie et Mers El Kébir un nid de forbans. Ces
pirates poussaient l'insolence jusqu'à venir enlever les galions des Indes sous
le feu des batteries espagnoles et faisaient continuellement des descentes
armées, des côtes de l'Andalousie à Gibraltar.
L'arrivée
des espagnols :
Dans les premiers jours de juillet 1501, une expédition préparée
par les Portugais tente de débarquer à la plage des Andalouses qui est ainsi
nommée car c'est à cet endroit que débarquèrent les premiers Maures chassés
d'Espagne qui furent pris par les populations autochtones pour des Andalous. La
flotte surprise par un vent contraire louvoya pendant trois jours. Les arabes
eurent le temps de réunir des hommes et reprirent l'avantage . Cette expédition
échoua et c'est seulement le 19 mai 1509 que les Espagnols prirent la ville.
Ils l'occupèrent cette première fois jusqu 'en 1708.
C'est de cette époque que datent les constructions
militaires : En 1690 Don Alvarez de Bzan y Sylva, marquis de Santa Cruz
fait construire au sommet du pic de l'Aidour le fort qui porte son nom.
Diaporama de photos, cartes et plans des constructions fortifiées réalisées pendant la domination espagnole |
En 1708, les Turcs sous le commandement du Bey Mustapha ben
Youssef, dit Bou Chlahem, l'homme aux grandes moustaches, le fondateur de la
ville de Mascara s'empare d'Oran.
En 1732, les Espagnols sont de retour à la suite de la victoire
remportée à Aïn El Turk par le Comte de Mortemar.
En 1780, les Espagnols entament des pourparlers avec l'Angleterre
en vue d'un échange avec Gibraltar. C'est un échec, heureusement !
Dans la nuit du 8 au 9 octobre 1790, peu après 1 heure du matin,
22 secousses successives ébranlent la ville et font s'écrouler une grande partie
des maisons. En moins de 7 minutes, 3000 personnes sont ensevelies. Des
secousses se font sentir jusqu'au 22 novembre.
A la suite de ce terrible événement, le roi d'Espagne Charles IV
ne s'intéressant plus à l'occupation de cette ville d'Oran qui devenait de plus
en plus onéreuse et périlleuse, entame des discussions avec le bey d'Alger. Un
accord est conclu, et le 6 mars 1792, le bey Mohammed El Kébir prend possession
d'Oran . Jusqu'en 1830, les beys firent d'Oran leur capitale au détriment de
Mascara.
L'arrivée
des français :
Le 4 janvier 1831, les Français font leur entrée officielle dans
la ville. Ce n'est pas tout de suite la paix - au contraire -. Abd El Kader va
créer l'insécurité en harcelant l'armée française et il faudra 12 ans avant que
le duc d'Aumale ne fasse prisonnier toute sa smalah en mai 1843. Abd El Kader ne fera sa soumission à Louis-Philippe que le 23
décembre 1847. Mais dès 1835, le génie avait entrepris la route en corniche vers
Mers El Kébir avec le percement d'un tunnel et les Français s'étaient lancés
dans la restauration de la ville :
En 1836, le général de Létang crée la
magnifique promenade d'où l'on peut jouir d'un si beau panorama.
De 1841 à 1845, Lamoricière crée un village
regroupant les étrangers : Le village des Djalis (étrangers), appelé
ensuite le village nègre avant de devenir la "ville nouvelle".
En 1848, un hôpital civil est édifié rue du
Cirque.
A partir de 1848, commence le développement du port d'ORAN
(il passera de 4 hectares en 1848, à près de 30 hectares en 1880, puis
50 hectares au début du XXe siècle, puis 100 hectares vers 1920, pour
atteindre enfin 150 hectares vers 1940)
En 1849
- L'epidémie a oran : Lors de la terrible
épidémie de choléra, suite à une sécheresse dramatique de
plusieurs mois, condamnant les populations d'Oran à des conditions de survie
précaires, privation d'eau, de nourriture... ravageant la ville depuis des
semaines et emportant la région avec une cruauté sans pareil, Monseigneur
l'Evêque d'Oran pris l'initiative de mener en procession la statue de la Vierge
suivie par toute la ville juqu'au sommet de la colline d'Oran, nommée Mont de
Murdjajdo.
Toute la foule implorait la Sainte Vierge pour la voir ramener la
pluie par sa bonté. Suite à cette procession, la pluie se mit à tomber à nouveau
et le choléra quitta la ville d'Oran ainsi que la région. En hommage à ces
miracles, une chapelle fut construite sur la colline au pied du fort de Santa
Cruz...
* En 1849 débute la construction du Caravanserail
* En 1880 débute la construction de la Synagogue (qui esra
finie en 1918)
* En 1882 à 1886 - construction de l'Hôtel
de Ville
* En 1887 construction du Lycée de Jeunes filles
Stéphane GSELL, qui porta d'abord le nom de "Collège de Jeunes
Filles".
* En 1890 débute la construction de l'ancienne
Préfecture
* En 1903, de grandes festivités sont organisées
à oran pour le millénaire de la ville
* En 1908 débute la construction du
Théâtre Municipal
* En 1913 ouverture au culte de la Cathédrale
du Sacré - Coeur
* En 1930 débute la construction de
la Maison du Colon
* En 1939, l'agglomération urbaine d'Oran groupe, sur 1.100 hectares, 40 faubourgs
ou cités créés par des lotissements.
* En 1940 débute la construction de
la Nouvelle Préfecture
*
En 1951 débute la construction des
HLM de Gambetta (en juillet)
*
En 1957 Construction du stade Fouques Duparc
Pratiquement tous les grands édifices
que comportent la ville d'ORAN actuellement ont été construits par les
français.
La Démographie et les différentes
populations
Dès le IIème avant J.C., ce sont les Phéniciens qui habitent
Oran et surtout les juifs qui eux, y font commerce. Depuis ce temps les juifs
sont présents dans la ville et seuls parmi toutes les entités humaines, ils ont
connu sans perdre leur identité la longue série d'empires qui gouvernent cette
terre depuis Carthage jusqu'à la France.
Et lorsque Isabelle la Catholique expulse tous les juifs
d'Espagne, le mardi 31 juillet 1492, c'est 200 000 personnes qui s'expatrient et
un millier d'entre eux vers le Maghreb ; Oran en recevra la plus grande
part.
En 1770, Oran est une ville de 532 maisons particulières et 42
édifices publics ; une population de 2 317 bourgeois et 2 821 déportés
libres se livrent au négoce. Lorsque les Espagnols quittent Oran en 1792, il ne
reste qu'un seul européen, un Français, le sieur Gaillard né en 1750 à Paris et
naturalisé Espagnol sous le nom de Gallardo ; il se fait musulman en
acceptant la charge de joaillier du bey. Son fils hérite de la charge et les
Français le trouveront en arrivant, exerçant son métier.
En 1794, des pèlerins venus de la Mecque apportent une nouvelle
épidémie de peste et la ville redevient pratiquement déserte.
En 1832, le recensement fait par le commissaire du roi, Pujol,
indique une population de 3 800 habitants : 750 européens, 250 musulmans et
2 800 israélites. Malgré une épouvantable épidémie de choléra en 1849, la ville
va se développer rapidement. En 1961, les statistiques donnent 400 000
habitants : 220 000 européens et 180 000 musulmans. Oran est alors la
première ville d'Algérie où la population européenne dépasse en nombre la
population musulmane.
Depuis le 31 janvier 1848, la ville est érigée en commune et
jusqu'en 1962, 28 maires s'y succéderont et s'appliqueront à embellir peu à peu
leur ville.
Jusqu'en 1850, la ville se cantonne dans les bas quartiers avec
une seule pointe sur le plateau représentée par le quartier israélite. Vers
1890, Oran, à l'étroit, commence à grimper vers Karguentah. Peu à peu, la ville
sort de ses limites et de nombreux faubourgs se créent : Saint Antoine,
Eckmuhl, Boulanger, Delmonte, Saint Michel, Miramar, Saint Pierre, Saint Eugène,
Gambetta.
L'administration française distribue de nombreux lots de terrains
de 4 à 12 hectares à de petits colons européens et nombre d'entre eux tentent
leur chance :
Au 1er janvier 1847, 47 300 Français étaient venus d'Alsace, des
Vosges, du Dauphiné et du sud de la France en même temps que 31 000 Espagnols, 8
800 Maltais, 8 200 Italiens et 8 600 Suisses et Allemands qui passaient pour
être les plus mauvais colons.
La consanguinité espagnole est constatée dans 80% environ de la
population française d'origine européenne, mais bien peu de particularités
permettaient encore de les distinguer. Si les spectacles de danses ou de musique
espagnole continuaient de plaire aux Oranais, les courses de taureaux n'avaient
plus de succès et les arènes d'Eckmuhl tombèrent en ruines.
Les Oranais de Tlemcen, Mostaganem, Mascara, Sidi-Bel-Abbès ou
Relizane étaient pour la plupart des descendants d'émigrés espagnols, levantins
ou andalous qui, au milieu du XIXème siècle avaient fui la misère de leur pays.
Leurs grands-pères étaient arrivés à bord de balancelles transportant des
cargaisons de gargoulettes. Sur la blouse noire des paysans alicantins, ils
transportaient au bout d'une canne un baluchon qui constituait tout le
patrimoine familial.
Dans la cour des écoles, ceux dont le nom avait une consonance
ibérique étaient des "escargots" parce que leurs parents étaient venus en
Algérie "transportant leur maison sur leur dos". Seul les prolétaires
continuaient à parler le patois valencien ou andalou et à pratiquer un
catholicisme fortement entaché de pratiques superstitieuses. Les Levy ou les
Cohen étaient des "piments" , car la frita, mets à base de poivrons doux,
constituait pour eux une nourriture de base. Les musulmans qui portaient à
l'époque la chéchia ou le fez étaient à cause de la forme et la couleur de leur
coiffure des "fromages de hollande", des "bouteilles cachetées" ou des "melons".
Les Durand et les Dubois, fraîchement arrivés de la Mère Patrie, si loin qu'il
fallait alors 40 heures de bateau pour y parvenir, étaient des "françaouis".
Le terme "patos" est né plus tard. En espagnol, un patos est un
canard ; et les braves paysans limousins ou jurassiens que la France
envoyait servir au 2ème régiment de Zouaves à Oran ou au 2ème Chasseurs
d'Afrique à Mascara avaient souvent la démarche chaloupée de ce palmipède.
Les gens nés dans le pays n'étaient pas encore des Pieds Noirs.
Ils s'étaient attribués, pour se distinguer des nouveaux débarqués de nom de "
margaillons ". Un margaillon en jargon pataouète est un palmier nain qui pousse
un peu partout, qui peut vivre des mois sans eau et qui ne se laisse arracher
qu'avec beaucoup de difficultés ; il était pour eux un symbole d'endurance
et de résistance. (on peut rapprocher ce mot de celui de Sabra qui est une figue
de Barbarie et qui est le surnom du juif né en Israël.) Tous ces surnoms ne
devenaient péjoratifs qu'au cours d'une discussion... ou d'un match de football,
ce qui revient au même.
Les mariages avaient brassé les descendants des communautés
originelles métropolitaines, ibériques ou italiennes . Venaient s'y ajouter
quelques gouttes de sang grec ou maltais. Les légionnaires démobilisés à Sidi
Bel Abbès se fixèrent aussi volontiers dans le pays. Il y eut quelques mariages
entre chrétiens et juifs, très peu entre européens et musulmans et pas du tout
entre musulmans et juifs. Ce n'était pas du racisme mais une incompatibilité de
règles religieuses et de moeurs, la polygamie des uns étant incompatible avec la
monogamie des autres.
La proximité de l'Espagne (par temps clair, de la côte de Bel
Horizon qui domine la rade de Mers El Kébir du haut de ses 511 mètres, il est
possible d'apercevoir à l'horizon le sommet de la cordillère du Cap de Gata),
une occupation de trois siècles par les armées espagnoles, ont donné aux Oranais
un caractère qui leur faisait dire en parlant des Algérois de la rue d'Isly, que
ces derniers étaient les Lyonnais de l'Algérie. Autant les Algérois se
montraient réticents à accepter un étranger, autant les Oranais avaient le sens
ibérique de l'hospitalité.
Les traditions
Dans les vieux quartiers de la
Marine, à la saison chaude, si les chaussées et les magasins sont déserts aux
longues heures de la méridienne, les chaises occupent les trottoirs dès la
tombée de la nuit. On va prendre le frais sur les falaises bordées de palmiers
du front de mer.
Si vous voulez en savoir plus sur les traditions en Oranie ... avec notamment de superbes textes d'un autre professeur Monsieur Manuel RODRIGUEZ de Sidi-Bel-Abbes |
Mais c'est à Pâques et à l'Ascension que la fiesta prend tout son
sens.
"La Mouna" est surtout la fête du printemps et l'exode du citadin
vers les rares coins de verdure des environs ; la source Noiseux pour les
piétons, les pinèdes de Canastel, de la Montagne des Lions ou M'sila pour les
motorisés. Pour les chrétiens, c'est le moment d'honorer la Vierge de
Misserghin. Plus qu'un gros village, ; Misserghin est une immense jardin
d'orangers. C'est le berceau de la clémentine, cette variété de mandarine à la
peau plus fine et plus rouge et à la chair ferme et sucrée. C'est là que l'abbé
Clément la créa à la suite de longues recherches et de greffes heureuses de
bigaradiers. Et, au bout d'un ravin embaumé par les fragrances des agrumes en
fleurs, s'ouvre une grotte, reproduction de celle de Lourdes, avec ses
béquilles, ses corsets orthopédiques et d'autres vestiges de miraculés
reconnaissants.
Le plat du jour est, soit le riz à l'espagnole, soit le
"gaspacho", qui est un épais et succulent ragoût de porc, de gibier ou de
volaille servi sur une immense fougasse ou "coca" . C'est au dessert qu'apparaît
l'événement tant attendu : la "Mouna", pâtisserie briochée surmontée
d'oeufs coloriés.
L'origine de cette Mouna est peu connue : Au 16ème siècle,
les rois d'Espagne envoyaient dans leurs présidios africains (Ceuta, Malilla ou
Oran) ceux de leurs courtisans qui s'étaient rendus indésirables à l'Escurial.
Ces présidios ou places fortes avaient leur Bastille . Celle d'Oran se trouvait
sur un pennon rocheux, à cheval sur la rade de Mers El Kébir . Parce que les
singes ("monos" en espagnol) y étaient aussi nombreux qu'à Gibraltar, cette
roche et la forteresse qui s'y dressait portait le nom de la mona. Ce fut
ensuite le fort Lamoune, siège de l'Amirauté jusqu'en 1962. Une seule fois l'an,
le dimanche de Pâques après la communion, les déportés avaient le droit
d'apercevoir leurs famille qui résidaient tout près de là, dans le quartier de
la Blanca, en bordure de l'enceinte de la casbah.
Les parents se réunissaient au pied des murs et faisaient passer
aux prisonniers, au bout de longues perches, un gros gâteau préparé pour la
circonstance et que depuis on continue à appeler la "Mouna".
En échange, les prisonniers embastillés faisaient descendre des
plaques de tôle sur lesquelles ils avaient fait cuire une purée de farine de
pois chiches, leur maigre pitance toute l'année. Cette espèce de flan de
prisonnier devait se manger très chaud car il durcissait en refroidissant . On
l'appelait la "calentica" (de "caliente" chaud, en espagnol). La calentica,
vendue par des marchands ambulants, est restée longtemps le plat du pauvre.
Le jeudi de l'Ascension, les catholiques honoraient la Vierge de
Santa Cruz. Cette Vierge a une histoire :
Cliquez sur l'image, et vous saurez tout sur Notre Dame de Santa-Cruz ... de 1849 à nos jours. |
Des cierges brûlèrent par centaines, des prières furent dites à
l'intention de Notre Dame de Santa Cruz et le lendemain, la pluie tomba ...
c'était en 1849. Telle
est la légende qui est à l'origine de la patronne des Oranais qui lui dédièrent
une chapelle, puis une basilique, inaugurée en 1950 par le cardinal Roncalli, le
futur Jean XXIII.
Obligé de partir en métropole, les Oranais n'eurent qu'une pensée :
Faire revenir leur protectrice auprès d'eux. Et, tandis que le Monument aux
Morts d'Oran était transféré à Lyon quartier de la Duchère (Avenue Balmont), la
statue équestre de Jeanne d'Arc était transférée à Caen,
Notre Dame de Santa Cruz recevait l'hospitalité de l'humble église de
Courbessac, près de Nîmes où tous les ans pour l'Ascension tous les pieds-noirs
se retrouvent, prient et fêtent la Sainte Dame.