Ce sont les orchestres Sud-Américains qui l’ont introduite chez nous où elle a connu énormément de succès dans les milieux populaires d’Oran, de Bel-Abbès et de toute l’Oranie . Essentiellement parmi les générations nées avant 1940. Rares étaient les Bel-Abbésiens qui n’en connaissaient pas un ou deux couplets.
Je me souviens très bien lorsqu’après souper , par les chaudes nuits d’été de juillet, ma mère , mon jeune frère , mes deux grandes sœurs et moi-même prenions le chemin du centre ville , à Bel-Abbès. Là, au lieu-dit des « Quatre Horloges », un orchestre Sud-Américain installé sur la terrasse d’un grand Café Brasserie, régalait les clients attablés.
Nous
restions là, debout, stoïques, sur les trottoirs d’en face , noirs de
monde, les gens des faubourgs
essentiellement, très hispanophones, à
écouter des heures entières les chansons cubaines, mexicaines , colombiennes,
argentines.
« Se va el caiman », avec ses
couplets olés olés, était celle qui nous enthousiasmait le plus.
C’etait
, il me semble en 1950 , je n’avais donc que douze ans. Une
lectrice Equatorienne, de Guayaquil, m’affirma qu’avec la Cucaracha et Cielito
lindo, c’était la chanson la plus populaire du continent Américain.
« Se va el caiman » est une chanson
grivoise qu’il ne serait pas de bon
goût de dédicacer à une dame, mais elle nous amuse tellement. Rassurez-vous !
Je ne l’ai jamais enseignée à mes élèves et pour cause.
Dans chaque couplet, c’est le quatrième et dernier vers qui est primordial et renferme « la substantifique moelle ». Il a souvent une chute à double sens, tantôt déroutante, tantôt suggestive , mais toujours malicieuse et un peu « salée ».
Barranquilla est un port colombien important, sur la Mer des Antilles
Refrain ( A répéter après chaque couplet)
Se va el caimán, se va el caimán |
Le caïman s’en va |
Se va para Barranquilla |
Il s’en va vers Barranquilla |
Se va el caimán, se va el caimán |
Le caïman s’en va |
Se va y no vuelve más. |
Il s’en va et ne revient plus. |
1er
couplet
Lo que come ese caimán |
ce que mange ce caïman |
Es digno de admiración.( bis) |
est digne d’admiration |
Come pan y come queso |
Il mange du pain et du fromage |
Y bebe tragos de ron.( bis) |
Et il boit des gorgées de rhum |
2ème couplet
A la criada de mi casa |
De la domestique de la maison |
Se le quemó el delantal( bis ) |
Le tablier brûla, le tablier brûla |
Si no acuden los bomberos |
Si les pompiers n’accourent pas, |
Arde el cuarto principal. ( bis ) |
la
pièce principale * |
3ème couplet
La mujer del panadero |
la femme du boulanger |
Está pidiendo el divorcio, ( bis) |
demande le divorce, parce qu’elle |
Porque dice que el marido |
dit que son mari |
No sirve para el negocio. ( bis ) |
ne
fait plus l’affaire. |
4ème couplet
Una chica se subió |
une fille grimpa |
En lo alto de una camioneta ( bis ) |
tout en haut d’une camionnette, |
Y el chofer sacó la mano |
Et le chauffeur sortit la main |
Y le tocó la corneta. ( bis ) |
il
lui joue de l’avertisseur. |
5ème couplet
Una vieja se subió |
Une vielle dame se hissa |
En lo alto de un tejado. ( bis ) |
tout en haut d’un toit. |
Y las tejas se reían |
Et les tuiles riaient |
De verlo tan arrugado. ( bis ) |
de le voir tellement fripé. S’agirait-il du jupon ? Ne riez pas !) |
6ème couplet
Una niña patinando |
Une gamine qui patinait |
Patinando se cayó. |
tomba tout en patinant |
Y en el suelo se le vio, |
Et au sol elle nous montra… ? ?. ?. |
Que no sabía patinar. |
Qu’elle ne savait pas patiner. |
7e couplet
Una moza se sentó |
Une jeune fille s’assit |
Encima de un hormiguero. ( bis) |
Au-dessus d’une fourmilière. |
Y las malditas hormigas |
Et les maudites fourmis |
Se mudaron de agujero. |
déménagèrent- changèrent d’orifice.) |
Rodriguez Manuel
(de Sidi-Bel-Abbès)
m.rod@free.fr