Les métiers dans les faubourgs en Oranie ... 
le texte est de notre ami Manuel RODRIGUEZ
les dessins sont de Monsieur Joseph ALFONSI

 Le monde des petits vendeurs ambulants  dans les faubourgs d'Oranie.

C'était essentiellement des Algériens qui se livraient à ce genre de commerce en parcourant les rues des faubourgs.

Les vendeurs de fruits et légumes avec leur charrette tirée par un âne, annonçaient en criant  à tue-tête les produits qu'ils proposaient à la vente. Dans mon faubourg , à Bel-Abbés, ils pratiquaient tous l'Espagnol vu que la clientèle était en grande majorité hispanophone.

On entendait donc:

-" Tomaaates, cebollas, pimientos , habichuelas.....baraaaatos ( bon marché)..etc

- " Chumbos (tchumbos], melón de agua ( pastèque) raja y cata ( fendue et goûtée).

Le vendeur qui portait des poulets, saisis d'une main par les pattes, et qui tenait de l'autre un couffin avec des oeufs soigneusement disposés sur un lit de paille disait:: " Des poulets! Poooollos! Des oeufs...... frais! Hueeeeeevos!

Dès qu'il croisait une femme , il l'apostrophait ainsi : " Huevos, María?   Et comme certaines n'avaient pas la langue dans la poche, il avait souvent droit à :" Bastante tengo con los de mi marido" ( j'en ai assez avec ceux .....)

A l'heure du petit déjeuner , se faisait entendre le vendeur de beignets Arabes : " A  sfinges khamis !" ( beignets chauds)

Dans l'après-midi, à l'heure du goûter, c'était au tour d'une femme d'annoncer les "biñuelos calientes" comme ceux que faisaient nos grand'mères.

Un autre, vendant de l'ail tressé ,s'annonçait ainsi :" Allez l'ajo! Allez l'ajo! Madame!

Lorsque nous entendions " Fregassa" Madame! Nous savions qu'il s'agissait de l'Algérien qui échangeait de la vaisselle contre des vêtements usagés ou passés de mode. Il fallait lui en donner des vestes et des pantalons pour obtenir le moindre ustensile !

Bien entendu, dans ce concert de cris familiers, les poissonniers avaient aussi leur place:"Y la caballa( maquereau), y el boquerón ( anchoi) y la  sardiiiiina veritaaaable!."...Parmi eux une poissonnière prénommée" Isabel " dont la voix portait à 1km à la ronde. Il était impossible de ne pas l'entendre lorsqu'elle passait dans les rues.

De temps en temps les cris de ces marchands ambulants parvenaient aux oreilles des élèves du Collège Leclerc, situé à une centaine de mètres de la grande rue du faubourg. C'était à la belle saison , lorsque nous travaillions, les fenêtres ouvertes. Amigos, je ne vous dis pas la risa qui emparait de nous. Des fous rires que nous avions énormément de mal à étouffer. Ça explosait de toute part.

"El amolaor" , le rémouleur, promenait ses lèvres  sur sa flûte de pan en émettant un son bien caractéristique. Il s'arrêtait toujours en face de chez le boucher, son grand client. Le vélo reposant sur une béquille, libérait la roue arrière qui, en tournant, actionnait à l'aide d'une courroie, la meule à aiguiser.

Le rétameur avec son long fer à souder et son " kanoun" s'installait dans un coin du patio  et les voisines lui apportaient casseroles, cuvettes, et autres ustensiles  pour une énième réparation.

Le vendeur d'escargots lui, transportait ses mollusques dans une vieille poussette de bébé aménagée: " Caracooooles! Caracoles serraaaanos!" ( de la montagne. )

N'oublions pas non plus, le vendeur de "barquillos"( les oublies) dont le tlacatlacatlac de la planchette armée d'une ferraille qu'il actionnait , nous était si familier.

Parfois le marchand de calentica , de pommes enrobées de caramel, ou autres friandises s'époumonait et attirait une "caterva ( une ribambelle) de gamins dont les yeux brillaient d'envie.

A Noël, le marchand de zambombas ( espèce de tambours) arpentait les rues pour nous proposer ces instruments utilisés dans les chants de Réveillon et  richement ornés de frises en papier multicolores.

Pour terminer, j'évoquerai le passage quotidien de la fourrière à chiens.

Une voiture comprenant 5 ou 6 cages avec barreaux, tirée par un gros cheval, type Percheron . Elle était précédée du capteur qui s'avançait vers ses victimes , le lasso derrière le dos et qui ratait rarement sa cible. Un gardien de la paix à vélo suivait pour veiller au bon déroulement des opérations, mais surtout pour empêcher que l'employé communal ne soit malmené par les propriétaires des chiens.

Quand l'heure du passage du convoi funèbre approchait, c'était l'affolement :" Pierrot rentre le chien que la fourrière elle va passer !  Dis Jeanette ! tu  sais pas si la fourrière elle est passée, que mon chien il court par là et je sais pas où il est!."

Oui, c'était ça notre univers , avec tout ce monde grouillant de petits marchands qui faisait partie de notre quotidien .

C'était la vie folklorique à travers les  rues des faubourgs populaires, chez nous là-bas, en Oranie.

Rodriguez Manuel (de Sidi-Bel-Abbès)
m.rod@free.fr


le diaporama :

 Nouveau : le texte de Manou et les dessins de Joseph Alfonsi sous forme de diaporama :
Monsieur Joseph Alfonsi a dessiné les métiers  ... si vous voulez voir tous ces dessins, téléchargez le fichier : Les métiers en Oranie.
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