Le témoignage
de Madame GARSON
l'épouse de notre pharmacien aux HLM
Lettre envoyée par Madame Marise GARSON à l'Echo d'Oran en 2000
Curieuse coïncidence : sur ce
n°268 de mai-juin 2000 de l'écho d'Oranie, où paraît l'annonce du décès de mon
mari Léon GARSON, paraît également une photo des HLM Gambetta où l'on voit "SA"
pharmacie qu'il a créé en 1951 et tenue jusque en juillet 1962.
Je crois pouvoir dire sans me tromper, que si les faubourgs d'Oran avaient été des municipalités indépendantes, il aurait été élu maire des HLM de Gambetta sans même avoir eu besoin de se présenter, tant il faisait partie des institutions de ce quartier, du point de vue professionnel, social, sportif, amical. C'était le conseil en tous genres. Et même lorsqu'à la suite d'une méprise, la pharmacie fut plastiquée une nuit de l'été 61, toutes vitres cassées, locaux grand ouverts, ses amis de la Territoriale se sont relayés pour monter la garde plusieurs nuits de suite, et lui-même n'avait pas des "clients" mais des copains, il prenait à cœur les problèmes de chacun, aussi bien de santé qu'affectifs, et jamais personne ne s'est offusqué de l'intérêt attentionné qu'i portait à son entourage (ce qui ne fut pas toujours le cas au début de son installation à Grenoble en 1963, question de mentalité bien sûr, mais avec le temps il sut aussi se faire apprécier.
La Cité de Jardins HLM Gambetta Route d'Arcole à ORAN, il l'a vu s'installer, pousser, s'animer, se développer. Et c'est la mort dans l'âme que le 17 juillet 1962 il ferma la porte de la pharmacie avec une affiche : "Réouverture en Octobre".
Au mois d'Octobre, hélas, il n'y avait plus ni clients, ni amis, c'était la désolation.
Personnellement,
j'e n'ai habité les HLM Gambetta que les 2 dernières années. J'ai connu mon
mari grâce à une autre figure légendaire de la cité, notre ami Roger SMADJA,
grand sportif des tous les temps. J'ai tenté d'apprendre à jouer au tennis sur
les courts en ciment du Centre des Loisirs, j'ai promené mon bébé au milieu
des lauriers roses, j'ai frissonné en constatant un trou de "doucettte"
12/7) dans le mur de la chambre de ma fille, j'ai ri avec les voisins au cours
des parties de cartes les soirs de couvre-feu, j'ai pleuré en voyant tout le
monde se sauver, jetant par-dessus les balcons ce qu'on ne pouvait emporter
… Je n'ai jamais eu le cœur d'y retourner même pour goûter les beignets du marchand
installé depuis sous la croix verte.
D'autres photos de la famille GARSON
Lettre de Madame GARSON à Marie-Christine FONT