L'Artisanat, les
métiers d’art et
les Arts décoratifs : ...
par
Pierre GIMENO
Voilà presque 30 ans (1976), mon travail m’amenait à
séjourner 2 mois au fameux Faubourg Saint-Antoine de Paris ; fameux pour
ses artisans et notamment ceux qui se consacrent aux meubles.
Dieu
sait pourquoi, je ne déjeunais plus rien sur cette période, tellement l’envie
était forte d’aller « voir » dans tous les passages du faubourg, où
se nichaient leurs ateliers … Découvertes des outillages, discussions avec les
artisans, et dans les cours : les stocks de bois précieux, de bronzes, de
marbres…Les odeurs !
Peut-être
parce que, même sans avoir pu les connaître, j’avais un Grand-Père ébéniste à
Alger, Charles GIMENO, et l’autre, Isidore HERRERA, bourrelier à Oran … Allez
savoir !!
Toujours
est-il que dans cette même période, à une brocante qui se tenait dans
l’ancienne gare de la Bastille (à peu de chose près, où se trouve aujourd’hui
l’Opéra du même nom), je tombais en arrêt devant
une… « varlope » en bois de poirier, marquée
« 1898 »…avec une poignée ouvragée en forme de cœur. Comme ça !
ça ne se discute pas … De
l’amour pour un objet ; je crois que c’était « une première »
pour moi. Une
varlope ?? Le plus grand des rabots, tout simplement, pour « dresser »
les ouvrages de bois ( et après l’emploi d’un autre rabot, un peu plus court,
le riflard) Celle-ci fait à peu près 80 cms de longueur…et elle est encore un
objet fétiche à la maison.
Et
je commençais une collection…
1977 :
une date importante…j’ai 30 ans et je fais le choix d’acheter en résidence
principale, entre Rambouillet et Epernon, une…ancienne charcuterie de campagne
dotée d’une maison d’habitation, de 2
dépendances et d’un garage double ; le tout sur près de 2000 m2.
Bon
OK, seulement voilà : pas de chauffage, pas d’eau chaude (un poêle à
charbon …pour faire les deux), pas de salle de bains et pas de…WC (sauf la
fameuse cabane au fond du…jardin !!) ... En
clair : plus de 6 ans de travaux d’équipement, de rénovation, et de
décoration.
Mais
quelle expérience, et quels plaisirs ! Car mon Père (toujours en
appartement) m’avait juste appris à « tripoter » une prise
électrique, un pinceau, et un rouleau à papier-peint, ce qui suffisait bien
d’ailleurs …
Quelques
guides, un matériel Métabo assez complet, et je partais presque seul dans des
aventures folles et bien connues aujourd’hui sous le nom de
« bricolage »…
Et
puis, soit dit en passant…contre la forêt de Rambouillet : la nature en
toutes saisons, les bolets et girolles, les cerfs, la chasse-photos (au héron
cendré notamment)…Merveilleux équilibre, superbes découvertes ; quel
apprentissage aussi !
Deux
établis, et des installations confortables m’ont vite amené à découvrir le
plaisir du bois et de ses transformations possibles … Et
de fil en aiguille…(j’ai pas fait exprès là !) la collection d’outils
grossissait à coups de brocantes ; et de découvrir aussi, à ma grande
surprise, les travaux que l’on pouvait encore leur confier ; par exemple
les moulures aux rabots… Cadres,
limons et marches d’escaliers…
Le
plaisir de ramener un outil bien « pourri » perdu dans une caisse, de
le découvrir à force de le démonter, de le nettoyer, et de l’essayer… !
Certains
rabots, dits « double-corps » avec semelle à pompe comptent plus de
20 pièces… Jusqu’à
détenir près de 400 outils de métiers de plus en plus divers ; et pas
seulement du bois.
L’alliance
des poignées de bois patinées (buis surtout), du laiton, de l’acier… La
beauté de ces objets le plus souvent, puis leur complexité et surtout leur
ingéniosité… Et
ainsi on rejoint l’Homme, et son génie créatif devant toutes situations.
Le
Père Feller l’a bien dit, Jésuite qui se dévouait à la cause des outils et de
la « Pensée ouvrière » ( frontispice du musée national de l’outil,
qu’il a créé à Troyes) : « l’outil prolongement de l’Esprit »…
même si dans les apparences, il prolonge sa main.
Et
puis, une autre découverte, Versailles, où l’on m’affecte (pour 4 ans) :
ses jardins, ses statues, ses meubles, peintures, dorures, …des ateliers aussi
et des ébénistes notamment…L’un
d’eux, chargé de restaurations pour le Château, et collectionneur lui-même
d’outils de coupe, me fait l’honneur de « légender » les photos de
mes propres outils de collection sur mon album…(pas évident de nommer et de
trouver l’emploi précis de centaines de rabots).
En
prime, il m’informe de l’existence d’une association qui sévit pas bien loin, à
Bièvres, et dont le nom seul me fait déjà bondir de joie : « Les Amis
De l’Outil ». J’ai mis des majuscules car elle est connue localement sous
le nom de « L.A.D.O. ».
Adhésion
en 1987…mais je suis trop loin pour y être actif.
Et
puis les années passant : vente de la maison, recentrage en plus proche
banlieue, achat d’un appartement à Clamart … Tiens !
Clamart est mitoyen de Bièvres … L’association
de son côté a grossi : elle cumule un patrimoine dit
« ethnologique » de plus de 30 000 outils représentant plus de 100
métiers. Et
surtout en 1996, elle crée un musée dans une vieille maison XVIII° de Bièvres.
Opportunité
trop belle ! Voilà
que Martine et moi faisons une approche … Et
pendant 8 ans : guide bénévole au musée, puis responsable du-dit musée, et
enfin responsable du Journal des Amis de l’Outil…
Le
plaisir d’expliquer au public et aux jeunes, l’emploi des outils :
-
sur
3 niveaux, quelque 25 métiers remis en scène, et présentant plus de 3 000
outils.
- Tous
les « 1°mai » : 100 marchands spécialisés s’installent à
Bièvres, pour la plus grande foire « à l’outil Ancien » de France.
Une merveille…que dis-je : du délire pour les collectionneurs.
Aujourd’hui,
j’ai quitté l’association pour des raisons qui n’ont rien à voir avec cette
passion. Elle
par contre (la passion…) ne m’a pas quitté, au contraire ... J’ai
pris l’habitude, avec Martine mon épouse qui m’a rejoint dans ces plaisirs, de
faire des visites d’ateliers et de prendre le temps de découvrir les
savoirs-faire incroyables qui depuis le XVII° notamment , ont fait les
plus beaux objets et décors que le monde entier nous envie toujours … C’est
devenu le prétexte à de courts et merveilleux « petits voyages » en
France.
Tiens, faudra que j’aille voir dans l’Ain, ou à Poitiers, par exemple….Voyez ce que je veux dire !! Il y a sûrement des artisans, et pas seulement des « ex-hlm » ; non ??
Au retour ? Le plaisir d’un écrit, pour garder trace de ces rencontres, des récits des artisans (aussi doués que modestes) ; et d’un reportage photos vous pensez bien !! Un plaisir d’écrire qui tombait plutôt bien, pour le journal de l’association … Me voilà comment dire… « journaleux… ». Et puis plus récemment, une sorte de cerise sur le gâteau … Comme une forme de récompense pour cette modeste quête personnelle vers le savoir-faire des métiers manuels … et le génie des mains … C’est que la Gazette Drouot, bien connue dans le milieu des objets d’art et des ventes aux enchères, me fait l’honneur de s’intéresser à mes « papiers » sur ces thèmes. Plutôt agréable, non ??
Et
cette passion, partie des outils, s’est tout naturellement élargie vers les
métiers d’art, les arts décoratifs ; plus encore ceux du Grand [XVIII°]
Siècle, le sommet de ces arts.
Et
quand se rejoignent cette passion des métiers, et le goût pour l’Histoire,
pour l’architecture à travers les âges ( les bâtisseurs…quels métiers !),
pour les Civilisations antiques, ou encore pour l’art des jardins…Voyez où tout
cela peut vous mener en découvertes ?? Au
moins de quoi joyeusement s’occuper en retraite….si proche maintenant !!
Vous permettez une invitation ?
Si d’autres que moi
étaient intéressés par ces thèmes,
je tiens à leur disposition, la liste des
sujets ou métiers que j’ai pu aborder.
Ou plus simplement
échanger sur ces thèmes… ?? Avec plaisir évidemment !
« l’Homme est intelligent
parce qu’il a une main » |
Eléments joints :
- Un article, « les Coqs de montres » : ou comment 5 métiers différents contribuent à la fabrication d’une pièce de 1 à 2 cm de diamètre….cachée dans la montre !
- Un « papier » fait pour le journal de LADO, sur un petit rabot à manche ; pour montrer à la fois la beauté et la difficulté d’identification de certains outils…
Un livre à recommander :
Pour ceux qui s’intéresseraient aux vieux outils…Flammarion a fait une série qui s’appelle « la folie des…. » ; petits livres (à 15 €) sur des objets de passion-collection tels que ciseaux, couteaux, poupées, voitures miniatures, et …outils. Celui-ci a justement été fait au Musée de Bièvres. C’est la « folie des outils »
et
éventuellement sur demande (par le patioou par Email) : une
liste (pas triste) de tous les sites dédiés à ces thèmes
« outils-métiers ».
par Pierre GIMENO